Ah, l'épisode auquel j'avais hâte d'arriver en ce début de saison ! Etrangement, c'est un des épisodes sur Spike, Buffy et Spuffy que j'ai le moins vu, alors qu'il est pourtant l'un des plus adorés.
Et comme dans mon souvenir, j'ai une énorme affection pour cet épisode, que je trouve particulièrement intéressant sur pas mal de points.
Buffy est dans une dynamique de découverte de son côté Tueuse depuis le début de la saison, et cet épisode va être un point particulièrement appuyé dans cette direction (avec
Intervention un peu plus tard). Elle qui s'entraîne particulièrement dans cette saison, qui est forte et pourtant compétente, a failli y passer face à un banal vampire.
Souhaiter en apprendre plus sur ce qui a fait que les précédentes Tueuses ont échoué était une conséquence et interrogation finalement assez logiques. Elle sait que toutes les Tueuses ont une date d'expiration, qui est souvent très proche du moment où elles sont appelées. La vraie question est de savoir *pourquoi* elles en sont arrivées là...
Toutes les scènes Buffy/Spike au Bronze étaient excellentes. Spike sait s'y prendre pour faire durer le plaisir (une bonne excuse pour passer plus de temps avec elle
). J'ai trouvé intéressant que l'histoire lui soit racontée de cette façon, parce que Spike n'a vraiment omis aucun détail, et surtout, sa manière de lui expliquer ce qui a fait basculer les précédentes Tueuses n'était pas des détails de méthode ou de technique de combat. Il va au coeur même de ce qu'est une Tueuse, il va chercher des éléments EN elle, pour expliquer les raisons plus psychologiques que méthodologiques ou physiques qui l'auraient poussé à l'échec.
Les vampires sont des milliers, ils sont de plus en plus nombreux, malgré la mission de Buffy, et un seul d'entre eux serait suffisant pour tout faire basculer.
Citation: |
SPIKE :And we just keep coming. But you can kill a hundred, a thousand, a thousand thousand and the enemies of Hell besides and all we need is for one of us- just one- sooner or later to have the thing we're all hoping for.
BUFFY : And that would be what?
SPIKE : One... good... day. |
Et en dépit de son agacement qui pointe son nez de temps à autre, on voit que Buffy est très attentive à ce qu'il lui dit. Lorsqu'il lui parle de ce désir de mort qui est en chaque Tueuse. Cette envie que tout s'arrête. Spike ne lui raconte pas pourquoi il a gagné, il lui raconte pourquoi ELLES ont perdu...
"Death is on your heels, baby, and sooner or later it's gonna catch you. And part of you wants it... not only to stop the fear and uncertainty, but because you're just a little bit in love with it. That final gasp. That look of peace. Part of you is desperate to know: What's it like? Where does it lead you? And now you see, that's the secret. Not the punch you didn't throw or the kicks you didn't land. Every Slayer... has a death wish."
Ce n'est pas de la technique. Pas un coup de pied manqué, ou un coup de poing râté. Là n'est pas l'essentiel.
J'aime qu'il lui rappelle que ce qui lui a permis de tenir aussi longtemps, c'est qu'elle a des choses auxquelles se raccrocher : ses proches. C'est vraiment ce qui fait sa force. C'est ce qui la rend à la fois si vulnérable et si forte. Elle a quelque chose qui lui permet de ne pas lâcher l'affaire. De toujours persévérer. De toujours continuer à se battre. Ce que les autres Tueuses n'avaient pas toujours, ou pas de manière aussi prononcée. Et c'est encore plus fort quand on sait que c'est son amour pour sa soeur qui la mènera à faire le choix de mourir pour la sauver, et sauver le monde.
Ce que j'aime dans cet épisode aussi, c'est combien Spike s'est ouvert à Buffy sur sa propre histoire. De William à Spike. C'est la première fois que l'on découvre Spike à l'époque où il était humain, un poète, toujours un grand amoureux, moqué et méprisé par ses compairs de l'époque. Et par ce biais, on a ainsi la première pièce du puzzle sur la raison qui a fait qu'il est devenu ainsi. William était dénigré (il m'a fait beaucoup de peine quand Cecily lui dit qu'il n'est pas digne d'elle - on apprend ensuite dans les comics supposés compléter la série que Cecily était en mission vengeance apparemment, à ce moment là), personne ne le comprenait vraiment, à part sa mère qui était toujours présente pour lui. C'était un vrai fils à maman, qui n'avait pas grand succès socialement.
Et c'est passionnant de voir qu'en temps que vampire, il a juste... éclôt. C'est devenu une vraie machine de révolte contre les normes établies, contre cette société qui le mettait sur la touche et ne le comprenait pas. Je pense qu'il avait cette violence qui bouillonnait en lui, cette envie de s'amuser et de ne plus s'imposer des limites, et on obtient ainsi notre Spike d'aujourd'hui. Rebelle, insolent, avec une bonne répartie. Tout le contraire de ce qu'il était. Et c'est là que je pense que cette construction a été une manière pour lui de se protéger de ses anciennes blessures. D'un côté, il sait combien ça a pu lui faire mal par le passé, donc il ne se laisse plus atteindre, il fait en sorte de ne plus montrer son côté fragile et se cache derrière son insolence. Il mord avant d'être mordu (au sens figuré du terme). Et d'autre part, au lieu d'être tempéré, il se laisse juste transporter par ses passions, ses envies... c'est très William ça. Quelqu'un qui marche au coeur.
Tout le contraire d'Angélus aussi, qui en tant qu'humain, était l'opposé de William. Si on pouvait les classer dans des clichés de lycéens, Liam serait la grosse brute qui a du succès, et William le looser geek
Au final, l'aspect humain est toujours déterminant dans la personnalité d'un vampire. Spike n'est pas un adepte de la torture. Il s'éclate, aime l'adrénaline, le combat. Il est primitif, presque animal. C'est toujours du spontané et du rapide. Là où Angélus est plus raffiné, il prend son temps. Il torture mentalement, physiquement... Il y a quelque chose de beaucoup plus sadique et dérangeant.
Intéressant de découvrir la première rencontre de Spike avec Drusilla aussi. Ce qu'elle a vu en lui. Ce qu'elle a aimé dans son côté très en marge. Pourquoi elle l'a choisi comme son compagnon. Quelque part, elle a été quelque chose de salvateur à ses yeux. Elle l'a sorti de sa misère. Et je comprends pourquoi Spike était si épris d'elle pendant toutes ces années (honnêtement, je ne pense pas qu'il l'a "aimé" à la façon dont il aime Buffy).
Du point de vue de la relation Buffy/Spike, ce n'est pas en soi l'objet de l'épisode, mais cet épisode regorge quand même de très nombreuses scènes, à ce stade plus basé sur des réparties bien senties et quelques coups bien placés ci et là. C'est vers la fin que les choses deviennent plus intéressantes. J'aime le moment où Spike dit que leurs combats sont comme une danse... C'est une vision des choses que j'ai toujours a-do-ré.
BUFFY : You think we're dancing?
SPIKE : That's all we've ever done.Il y voit quelque chose de beau, d'artistique. Et Buffy a beau essayé de le cacher, elle aime le combat autant que lui, surtout en ce début de saison où cet élément a été plus appuyé. Elle y prend du plaisir, et Spike ne se prive pas d'essayer de le lui faire remarquer, même si elle ne lui admet rien (mais bon, qui ne dit mot consent
).
Spike lui apporte un regard différent sur sa mission. Et il tape souvent dans le mille. C'est un aspect que j'aime beaucoup dans la relation de Buffy et Spike. Parce que si Spike connaît très bien Buffy (peut-être pas aussi excellement à ce stade, mais c'est un élément qui sera très prononcé au fur et à mesure qu'on se rapproche de la fin de la série), il connaît aussi très bien l'aspect Tueuse. Il sait comment les choses fonctionnent avec elles. Après, plus il devient proche de Buffy, moins il arrive à faire coller les critères standarts avec ce qu'elle est (on voit en saison 7, dans "
Never Leave Me", que Spike lui dit qu'elle a besoin de la haine pour faire son job, alors que les choses sont assez différentes dans les faits).
A la fin de leur discussion, on bascule vers des éléments plus Spuffy. Bon, déjà, j'ai relevé tout au long de l'épisode que Spike lui donnait des petits noms qu'il ne lui avait jamais donné auparavant : "honey", "love"... (c'était plus prononcé que d'habitude ^^). Sinon, j'adore ce court moment où Spike se tient face à Buffy, et on voit son visage redevenir sérieux tout d'un coup, et il tente un mouvement pour l'embrasser, dont il est brutalement réveillé par le mouvement de recul de Buffy. Elle semblait effrayée. Spike lui dit qu'elle sait qu'elle veut danser... Le rejet de Buffy fait mal, d'autant qu'elle a sorti les mêmes mots que Cecily. Il ne serait selon elle pas digne de la tuer. Pour Spike, il s'agirait d'être digne d'elle tout court...
Comme toujours à ce stade, Spike a des réactions très emportées. Dès qu'il est blessé, il a toujours ces pulsions de haine qui ressortent. Lui qui a tendance à blesser avant d'être blessé. Il doit sûrement détester le pouvoir qu'elle a sur lui émotionnellement.
Et j'ai complètement redécouverte la scène du porche. Qui est vraiment... parfaite. Simple. Spike a beau avoir ces pulsions de haine, il lui suffit de voir Buffy pleurer, et tout s'évapore comme si de rien n'était. J'aime la douceur avec laquelle il vient simplement s'asseoir à côté d'elle, lui demandant s'il y a quelque chose qu'il peut faire, mais ne poussant pas plus... Le petit tapotement dans le dos. Il se montre simplement présent. Il ne pousse pas trop, ne cherche pas à profiter de la situation. Il est simplement là.
On remarque que les détails de la scène ont été vraiment bien travaillés, jusqu'à leur respiration. Marti Noxon (il me semble que ça venait d'elle) a été jusqu'à les faire soupirer en même temps. Je connaissais ce détail pour avoir vu/lu les interviews, mais je ne l'avais encore jamais VU dans l'épisode.
Très jolie mise en scène... On apprend dans l'épisode suivant que Buffy s'est même ouverte sur ce qui arrivait à sa mère. Et il aurait apparemment été ré-invité dans la maison (ils avaient fait un sort pour rétablir les barrières suite à l'histoire avec Harmony).
Du reste, cet épisode est aussi centré sur Riley et le Scooby en patrouille, et la scène du "Tchou tchou" sera toujours dans mon top five des scènes qui me font le plus rire
En fait, c'est l'ensemble de la scène : Riley, super discipliné, très prudent, qui se traîne derrière le Scooby qui est non seulement pas à couvert, habillé de manière très coloré, mais qui en plus mange des chips comme si de rien n'était
Au final, je n'ai pas trouvé très classe qu'il les renvoie, pour mieux revenir seul et les détruire de lui-même... Mais on dirait que Riley est, dans cette saison, dans un désir de se prouver quelque chose.