Et voilà la traduction, assez vaseuse pour certains passages. J'en ai notamment deux qui n'ont pas du tout été traduits, car je n'ai pas compris, mais globalement, ça ne devrait pas trop pénaliser la compréhension du texte.
Note importante : Cet essai a été écrit en
2003, après l'arrêt de la série.
TRADUCTIONJe ne me souviens plus quel était le but original de ce propos/texte, ou ce que je visais exactement, pourquoi, ou quoique ce soit. C’est loin d’être exhaustif – juste un ensemble de quelques unes de mes pensées, un début que vous avez déjà vu, car c’est ce que je répète depuis des lustres.
Je vous préviens, ça remonte à longtemps. Il peut y avoir de vagues spoilers pour les épisodes d’
Angel déjà diffusés, bien que rien de spécifique. Et je m’excuse, comme toujours, d’énoncer mes opinions comme des faits. C’est uniquement pour des raisons d’économie/ pratiques ; ) Contredire le plus possible, par tous les moyens.
When I say, "I love you"...it has nothing to do with me. I love what you are, what you do, how you try.
[Quand je te dis que « Je t’aime »… ça n’a rien avoir avec moi. J’aime ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu tentes.]
Donc, allez, dans quel épisode partons-nous dans ce sens ?
Citer chacun d’eux serait un bon début, mais je sais auquel je pense plus spécifiquement.
Touched ? Pas ici, non. C’est Buffy vis-à-vis de Spike dans
Chosen.
Voici une distinction pour vous.
Si je te dis que je suis amoureux(se) de toi, je te dis quelque chose sur moi. Au sujet de ce que je ressens à ton sujet, ce que tu me fais ressentir. C’est au sujet du sentiment que je ressens quand tu es là, et la manière dont je me sens quand tu ne l’es pas.
Si je te dis que je t’aime, je te dis quelque chose sur toi.
J’ai lu quelques drôles de discussions au sujet du fait de savoir si Buffy "a aimé" ou "était amoureuse" de Spike, à la fin. Je pense que partir dans ce sens, c’est manquer quelque chose.
Elle est là, debout, le regardant, regardant le sort du monde brûler dans son regard, et elle l’aime. Comment ne pourrait-elle pas ? Il est parfait. Cet homme, qui l’a aimé, et lui a fait confiance implicitement, se tient debout et il est parfait, juste là, ça le rend parfait. Et ça la rend parfaite, même si elle fait demi-tour et le laisse là, parce qu’elle a une vie qu’elle *lui* doit de vivre.
S’ils n’en n’étaient pas arrivés à ce point, lui aurait-elle dit qu’elle l’aimait ? Non, bien sur que non. Pas là, parce que ça n’avait pas besoin d’être dit, et peut-être que ça n’avait pas besoin d’être su ou reconnu. Mais c’était là. Je n’ai pas à lire entre les lignes, ou combler les trous de certaines scènes que je n’aurais même pas osé espérer qu’elles se produisent. Je sais ce que je voyais sur mon écran, en face de moi. Je n’ai besoin de rien d’autre.
Je ne me laisse pas souvent aller dans un "pourrait avoir été", mais imaginez un instant que la Force ait été déchue sans la mort de Spike et sans la destruction de Sunnydale. Je sais exactement comment ça aurait marché, dans ma tête.
Buffy serait descendue à la cave. Nuit après nuit, elle aurait toujours effectué ses patrouilles, parfois avec lui, parfois sans lui, mais surtout, après chacune d’elles, elle aurait trouvé à nouveau son chemin jusqu’à cette cave. Et puis, elle n’aurait jamais cessé d’aller vers lui, et il se serait rapproché d’elle et il serait resté. Et personne dans la maison n’aurait soufflé un mot à ce sujet, mais auraient sûrement fait des références maladroites avec désinvolture, comme un fait acquis, lorsque le sujet aurait été abordé en passant.
Et finalement, à l’exception d’apocalypses, elle l’aurait dit. Un soir, en patrouille, elle l’aurait regardé, l’aurait dit, et il n’aurait probablement même pas pu la regarder à cette époque. Il n’aurait probablement pas pu sortir la réponse qui avait pour but : « merci », ou quelque chose comme ça. Mais plus tard, cette nuit là, il l’aurait taquiné encore à ce sujet, et encore, et encore et ai-je dit encore ?
Je ne sais pas si ça aurait duré éternellement. Eternellement ne fait pas parti de l’équation, qu’il s’agisse de Spike comme de Buffy ; ni les fins heureuses. Ce n’est pas grave, parce que même ça c’est une chose qu’aucun d’eux n’a jamais sollicité ou eu besoin.
Mais avant que je ne tombe irrémédiablement et à jamais dans une profonde ‘badficdom’…
Buffy n’a pas un bon vocabulaire pour parler d’amour. Allez, c’est de la fille qui nous fait l’analogie d’un cookie pas cuit, dont on parle. Un « Je t’aime » ne vient pas facilement et ne vient pas à la légère. Et les centaines d’autres choses qui sont en réalité « Je t’aime », le flou, des perspectives floues du « Je t’aime » - elle ne sait pas où les placer, ils sont donc sortis dans le mille, en dehors, ou partent dans des métaphores de cookie, finissant dans un grand mélange confus.
Vous vous rappelez du "
does everyone think I'm still in love with Spike?" (« Pourquoi tout le monde pense que je suis encore amoureuse de Spike ?! »). Ce n’est pas une révélation fracassante qui est faite – elle est très typique de Buffy. Elle n’a simplement pas le vocabulaire pour donner un sens à ses sentiments pour Spike, et elle simplifie ça de la seule manière qu’elle connaît – elle était amoureuse de lui, et ce qu’elle ressent à présent en est une conséquence. Et en faisant cela, elle sanctifie sa relation avec lui de la saison précédente – et c’est extrêmement important pour elle, pas parce qu’elle nie ce qu’elle faisait ou ce qu’elle était, mais parce qu’elle croit qu’il existe une façon de rendre ça correct.
Elle ressent quelque chose pour lui, et elle le reconnaît de façon constante, même si elle lutte pour trouver les mots et le saisir. C’est très apparent dans ce qu’elle dit à Giles – et d’ailleurs, également Spike – dans First date (« Rendez-vous dangereux »). Et la conversation qu’elle a avec Dawn dans
Him (« Folles de lui ») y fait écho.
BUFFY: No, I just... I don't know what I'm feeling. I think I can't stand him, but sometimes...
DAWN: You love him?
BUFFY: No. I—I feel for him.
DAWN: Feel what, exactly?
BUFFY: (shakes her head) Dawn...
[
BUFFY : Non, je suis juste… Je ne sais pas ce que je ressens. Je pense que je ne peux pas le supporter, mais des fois…
DAWN : Tu l’aimes ?
BUFFY : Non. Je – Je ressens des choses pour lui.
DAWN : Ressentir quoi, exactement ?
BUFFY (secouant la tête) : Dawn…]
L’épisode
Intervention (« La quête »), par exemple, est l’exemple classique de la confusion de Buffy quand il s’agit de parler d’amour.
BUFFY: Giles ... I love you. Love ... love, love, love, love, Giles, it feels strange.
[
BUFFY : Giles… Je vous aime. Amour… Amour, amour, amour, amour, Giles, ça sonne bizarre.]
Parce que le fil conducteur est – toujours – que Buffy n’est jamais la fille qui parle d’amour. Elle aime dans sa manière d’être, elle aime dans ce qu’elle fait, elle aime dans ce qu’elle ose. C’est la manière dont Buffy aime les gens qui l’entourent, et, par dessus-tout, la manière dont Buffy aime Spike.
FIRST SLAYER: You are full of love. You love with all of your soul. It's brighter than the fire ... blinding. That's why you pull away from it.
BUFFY: (surprised) I'm full of love? I'm not losing it?
FIRST SLAYER: Only if you reject it. Love is pain, and the Slayer forges strength from pain. Love ... give ... forgive. Risk the pain. It is your nature. Love will bring you to your gift.
[
LA PREMIERE TUEUSE : Tu es pleine d’amour. Tu aimes de toute ton âme. C’est plus vif/brillant que le feu… c’est aveuglant. C’est pourquoi tu le fuis.
BUFFY (surprise) : Je suis pleine d’amour ? Je ne le perds pas ?
LA PREMIERE TUEUSE : Seulement si tu le rejettes. L’amour est souffrance, et la Tueuse puise sa force dans la souffrance. Aime… donne… pardonne. Risque la douleur. Elle est dans ta nature. L’amour t’amènera à ton cadeau.]
Je n’ai aucune idée d’où cette citation est tirée, mais elle correspond. Ca a l’air de venir de Jane Espenson, mais peut-être que je me trompe. Pour être honnête, je me fiche de qui l’a dit. C’est proche de la perfection.
"If someone is there for you, is asking nothing of you and has loved you faithfully and unconditionally for all those years and if that person is the one that you turn to for comfort and support when you are at your most vulnerable, and if they give you that comfort and support unconditionally asking nothing in return, then whether you acknowledge it or not, that is love, so yes Buffy loved Spike."
["Si quelqu'un est là pour vous, qu'il n'attend rien de vous, et qu'il vous aime fidèlement, sans condition durant toutes ces années, et si cette personne est celle vers laquelle vous vous tournez pour obtenir du réconfort et du soutien lorsque vous êtes dans une période où vous êtes vulnérable, et si elle vous offre ce réconfort et ce soutien inconditionnel sans rien demander en retour, alors que vous le reconnaissiez ou non, c'est de l'amour, donc oui, Buffy a aimé Spike."]
Mais pour en revenir au début.
« Beau travail, amour ». En trois mots, je crois qu’on résume la relation de Buffy et Spike. Cela a fonctionné parce que ça va dans cette direction. Et ça doit marcher dans cette direction, parce que ce n’est jamais le plus facile dans les relations. Ces deux là ne sont pas des âmes sœurs. Ne vous méprenez pas, il y a une étincelle entre eux lorsqu’ils se rencontrent, quelque chose qui crépite, qui grésille et menace aujourd’hui encore de les enflammer, mais ce n’est pas une réunion mystique des esprits. Il s’agit de deux personnes rassemblées par le hasard, et non par leur intention. (***traduction manquante***), et pourtant, ils se retrouvent encore ensemble, plus souvent que séparés. Ca nous révèle quelque chose. Il y a eu obstacles sur obstacles dans cette relation, et pourtant, aucun d’eux n’a jamais été tout à fait disposé à laisser l’autre partir.
Je suis une fan du Spuffy. Est-ce que je crois que Spike est le seul véritable amour de Buffy ? Par l’enfer, non. Pour moi, c’est un peu la caractéristique d’un fan du Spuffy. Je n’ai pas d’idéaux romantiques au sujet de cette relation – ou, si l’on en arrive là, de n’importe quelle relation. Et ces deux là reviennent vers l’autre, encore, et encore, et encore, non parce que c’est leur destiné mais parce que c’est leur droit/ devoir. Ils partagent suffisamment d’histoire commune pour se devoir mutuellement d’être présent pour l’autre.
Et aussi bien que soit une histoire comme celle-ci, la relation n’est jamais définie par cette histoire. S’il y a quelque chose, il est défini par la reconnaissance mutuelle, que leur histoire a établie comme base pour leur relation. Mais la relation existe toujours et uniquement dans l’ici et maintenant. Ils n’ont jamais fléchi sous le poids de leur histoire. Buffy amenant Dawn à Spike dans
Villains (« Les foudres de la vengeance ») en est l’un des nombreux exemples pour l’illustrer. Il y a toujours une porte ouverte, si vous voulez – toujours un endroit où les deux pourront trouver un lieu où s’asseoir, être côte à côte, et mettre tout le reste derrière eux.
Mais revenons au début, Spike et Buffy ont prouvé qu’ils disposaient de suffisamment d’éléments en leur faveur pour donner à cette relation une sorte de longueur d’avance. Il s’engage avec elle. Ils s’adaptent. Ils saisissent l’autre, et ils saisissent l’autre d’une façon qui touche une corde sensible dans la plupart d’entre nous, je pense. Je le dis tout le temps, je sais, mais à partir du moment où les deux commencent à se parler, tout le monde cesse d’exister.
Voici une citation de James Marsters, qui date d’il n’y a pas très longtemps.
"There are very, very few people Spike connects with actually. His connection with Buffy is one of the reasons he was so attracted to her."
[« Il y a très, très peu de gens qui parviennent à se connecter à Spike réellement. Sa connexion avec Buffy est une des raisons pour lesquelles il est si attiré par elle. » ]
Il le saisit bien parfois
En saison 2, Buffy et Spike ont magnifiquement joué sur cette connexion, comme le : « Hi honey, I'm home » (« Salut Chéri, je suis à la maison »), dans
Halloween, magnifiquement ressorti dans
End of days (« La fin des temps », partie 1), et le magnifique : "I'd rather be fighting you anyway." "Mutual." (« Je préfère plutôt te combattre de toute façon », « C’est mutuel »), de l’épisode
What’s my line (« Kendra »).
Et puis,
Becoming (« Acathla »). Spike a déjà prouvé qu’il était prêt à aller aussi loin que possible pour sa bien-aimée Drusilla, mais ne pensez pas un seul instant qu’il prend un risque ici. Il sait que la Tueuse va jouer son jeu. Il lit admirablement en elle. Et voici le truc : il s’avère, après tout, qu’il connaît son talon d’Achille. Bien sûr qu’il le connaît. Un Love’s bitch reconnaît une Love’s bitch quand ils se croisent. La Tueuse va sauver le monde, contre vents et marées, et Dieu sait qu’elle est prise. Mais Buffy Summers va entrer dans son jeu parce qu’il y a le facteur Angel dans l’équation. Donc il y a la petite affaire de sauver le monde, Giles bien sûr, mais elle pouvait réduire Spike en poussières, là, et puis sur place et ce serait une façon infiniment plus sûre d’aider cette cause. Mais elle ne va pas prendre le chemin le plus sûr.
Parce que en saison 2, Buffy enverra l’homme qu’elle aime en enfer, mais elle ne le sait pas encore, la saison 2 est la saison où Buffy dit à Kendra que ses émotions lui donne le pouvoir/ la force, et lui font prendre des risques et faire confiance à Spike. Elle fait confiance à Spike parce qu’elle comprend, parce qu’elle a besoin de croire qu’il y aura un happy end ici. Elle ferait un pacte avec le diable pour sauver Angel à ce moment là, donc elle va croire que le vampire ferait un pacte avec la Tueuse pour sauver celle qu’il aime.
Spike ne va pas cracher sur des éléments en sa faveur (les assassins, le juge, le joyau d’Amarra), mais c’est toujours une lutte, et si le terrain de jeu n’est pas exactement au niveau, n’est pas reconnu, (***traduction manquante***). C’est une danse, et il n’a pas peur de rester en phase avec son partenaire de danse.
C’est une des différences fondamentales entre Spike et Angélus. Alors qu’Angélus prend un plaisir sadique à la manipulation des relations, à infliger des dégâts et une véritable détresse autour de lui, Spike s’engage avec son adversaire, parce qu’il veut établir quelque chose de mutuel, quelque chose de significatif, parce que c’est comme un jeu, et c’est plus satisfaisant de cette façon. Lorsqu’Angélus est animé par un désir de douleur et de destruction, Spike est animé par un désir de gagner. Et, plus que n’importe quoi, c’est ce qui nourrit son obsession pour Buffy en début de saison 5.
Si je commence à faire une comparaison des relations de Buffy et Angel, et Buffy et Spike, je n’en finirais jamais, mais en toute honnêteté, je ne sais pas s’il y a quelque chose à en tirer. J’ai vu tellement de débats pour le ‘qui Buffy aime le plus’, mais je ne sais pas si notre amour se calcule en ‘montants’.
Nous aimons de manières différentes.
D’ailleurs, je soupçonne les shippeurs du couple Buffy/Angel d’avoir un concept de l’amour différent du mien, ou un concept différent de ce qu’ils veulent/attendent d’une histoire d’amour fictive. Je ne peux pas le discuter.
Tout ce que je peux dire, c’est que quand je pense à certaines scènes clés que chacun d’eux ont partagé, je pense à eux de cette façon :
Quand je pense à Buffy et Angel, ils sont toujours debout, à l’opposé de l’autre, en face-à-face. Ils ne font que regarder l’autre, pris dans l’instant, encore et toujours, intemporels, statiques.
Quand je pense à Buffy et Spike, le plus souvent, ils sont côte à côte. Je pense à la scène du perron dans Fool for love (« La faille »), dans Flooded (« La tête sous l’eau »), au moment où il s’assied à côté d’elle dans Touched (« Contre attaque »), la nuit où il la tient dans ses bras pendant qu’elle est éveillée dans
Chosen.
Ca dit tout pour moi.
Il est impossible, je pense, d’être proche de s’emparer de la confiance / d’un équilibre du pouvoir qui est, plus que jamais, la force motrice de la relation de Buffy et Spike. Mais je pense que qu’il y a une ou deux vérités très simples dans cela. Lorsque Buffy et Spike parlent de confiance, il s’agit toujours de Buffy faisant confiance à Spike – si elle lui fait confiance ? Pourquoi elle ne peut pas ?
Mais en réalité, l’ensemble de la relation de Buffy et Spike se construit sur un fait très simple : il lui fait confiance.
Ne sous-estimez pas l’importance de cela, parce que la signification est immense. Il y a beaucoup de raisons à la façon dont ils se sont connectés dans School Hard (« Attaque à Sunnydale »). Elle sous-entend des moments clés entre Becoming (« Acathla ») et Pangs (« L’esprit vengeur »), et ce qui pousse à un développement de cet élément dans cette relation.
Non seulement il lui fait confiance, mais, très tôt dans leur relation, Buffy protège Spike socialement. Il est vrai que leurs interactions au début concernent le plus souvent le fait de tuer l’autre, mais elle est la personne qui lui donne une raison d’être là. Buffy est toujours la personne qui nourrit Spike dans une situation sociale – parce qu’elle lui donne de l’attention, même si c’est seulement un : « Qu’est-ce qu’il fait là ?! ». A l’exception d’une grande partie de la saison 4 – dans laquelle une Buffy antisociale est un thème assez présent quand même- dans un certain nombre de paramètres, Spike tourne invariablement autour de Buffy pour une acceptation sociale. Elle récompense sa confiance en elle, non seulement en le reconnaissant, mais par son acceptation inconsciente du rôle que lui donne, la confiance qu’il lui accorde.
Lorsque des changements s’opèrent chez Spike au cours de la saison 5, c’est à cause de Buffy – parce qu’il est amoureux de Buffy, aussi loin qu’il est capable d’aimer à ce moment – mais ce n’est que le catalyseur. Ce qui le change, c’est que la confiance qu’il place en elle est quelque chose de mutuel. La relation de Buffy et Spike *est* inévitable – ils sont dans une relation de confiance qui doit avoir quelque chose de significatif.
Parce que si sa confiance en Buffy est digne d’être réciproque, alors c’est qu’elle vaut quelque chose, *il* vaut/mérite quelque chose. Le plus que Buffy se laisse avoir confiance en Spike est le plus qu’elle a de pouvoir sur lui. Et bien sûr, il y a dans The Gift (« L’apocalypse »), quand elle l’invite à re-rentrer dans sa maison dans une geste d’une confiance absolue qui signifie tellement de choses, il se livre à elle entièrement. Son opinion de lui représente tout – « Je sais que je ne suis qu’un monstre, mais tu me traites comme un homme ».
Et puis, nous arrivons à la saison 6, et les choses tournent, et cette relation de confiance et de pouvoir prend le plus extraordinaire tournant.
Je n’ai pas la place ici pour entrer en détails dans la saison 6. Je pourrais, et une partie de moi aimerait bien le faire, mais ce n’est pas censé être un moyen de défendre la saison 6, ou Buffy, ou Spike. Je vais le dire plusieurs fois.
Vous ne pouvez pas généraliser la relation de Buffy et Spike. C’est l’histoire d’un vampire réformé avec une puce dans la tête et d’une Tueuse fraîchement ressuscitée. C’est l’histoire d’une relation, pas des relations en général. Vous ne pouvez pas en tirer d’idées abstraites, et les appliquer à une autre situation, et les juger sur cette base. Même les plus fines analogies du monde ne pourront jamais prouver un fait, juste l’illustrer.
Je concède volontiers qu’il y a des personnes associées à la série –scénaristes, acteurs – qui font fréquemment ça. Mais ce que je dis sur Buffy et Spike en saison 6 est au sujet de ça et rien d’autre. Ce n’est pas une réflexion sur mes opinions au sujet de n’importe quoi d’autre – ou finalement, bien sûr que ça l’est, mais pas directement, pas d’une façon intentionnelle.
J’ai appelé la relation de Buffy et Spike en saison 6 un "détournement d’identité", dans un post qui l’établit mille fois mieux.
Quand Buffy est ramenée au début de la saison 6, elle ne peut plus faire confiance à la seule personne en qui elle devrait faire confiance, par-dessus tout – elle ne peut plus *se* faire confiance.
Elle se sent morte à l’intérieur – chaque mot qu’elle dit à Spike dans leur dernière scène dans Dead things (« Esclave des sens ») est une description de ses sentiments au sujet d’elle-même. Et donc, elle se tourne simultanément vers Spike pour renforcer cette image d’elle-même, et l’en sauver. Sa confiance en elle signifie tout, parce qu’elle lui donne une raison de se soucier suffisamment de savoir qui elle est, de continuer à vivre. Mais elle ne vaut/mérite rien, elle le sait, et ainsi, sa confiance ne signifie rien, et si sa confiance ne signifie rien, alors *il* ne doit rien signifier, et elle fera en sorte qu’il ne signifie rien.
Buffy a besoin que Spike soit fort, parce qu’elle a besoin de sa confiance en elle pour être/signifier quelque chose. Il n’est jamais question de lui qui doit être digne de sa confiance. C’est l’une des choses que les gens manquent au sujet de l’épisode As you were (« La roue tourne »), je pense (et oui, le complot des œufs de démons est honteux, même si c’était pour aider Buffy dans sa crise financière).
Il ne s’agit pas de comparer Spike à Riley, et de décider qu’il ne respecte pas la norme. Il s’agit de saisir Buffy dans le fond – non juste parce que Riley a l’air d’avoir une vie mieux que la sienne, mais parce que Spike, qui est la seule personne qui connaît la vérité et voit ce qu’elle est réellement, va encore lui faire confiance et l’aimer, même si elle le laisse tomber. Il est un monstre quand elle a besoin qu’il soit un homme – et ne nous y trompons pas, jusqu’à ce moment, Buffy se considérait elle-même comme le monstre dans cette relation, depuis qu’elle avait entendu qu’elle était ‘revenue mauvaise’. Mais elle ne sait pas si elle a besoin de Spike pour être un monstre comme elle l’est, ou être l’homme qui peut la sauver du monstre qu’elle est. Il peut être les deux, et il va être les deux.
Et donc, nous allons voir Buffy se contredire à plusieurs reprises, alors qu’elle essaie de faire en sorte que l’amour de Spike ait de la valeur et qu’il ne valle rien à la fois. « C’est juste Spike » devient à la fois un moyen de défense de leur relation et une raison pour y mettre fin.
BUFFY: Look, i-it can't be, okay? He-he's too incompetent. (Spike glaring at her) It's just Spike, Riley.
SPIKE: You know what I am. You've always known. You come to me all the same.
BUFFY: That's just you. I should have remembered.
[BUFFY : Ecoute, il ne peut pas l’être, d’accord ? I-il est trop incompétent. (Spike lui lance un long regard) C’est juste Spike, Riley.
SPIKE : Tu sais ce que je suis. Tu l’as toujours su. Mais tu venais vers moi quand même.
BUFFY : C’est toi. J’aurais dû m’en rappeler.]
Bien souvent, on aime les gens encore plus fort quand ils nous laissent tomber, car ils nous donnent la possibilité de nous surpasser – à moins que nous ayons besoin d’eux pour être mieux que nous, être la personne qui nous sauve. Et puis, quand ils nous laissent tomber, soit on tombe séparément, soit on laisse aller la relation.
Buffy doit la laisser partir. Mais elle la laisse seulement aller aussi loin qu’elle le peut. Ce n’est pas une relation qu’elle est prête à mettre de côté.
Quand j’ai pensé à ce qui pourrait arriver en saison 7, je pensais que Spike aurait à prendre une sorte de décision finale, entre bon et mauvais, et qu’il aurait tiré dans les deux sens. Et j’ai pensé que dans son vulnérable, nouvel état de vampire avec une âme, Buffy se serait rapproché de lui – parce que Buffy est toujours tombé durement pour les hommes de sa vie quand ils étaient vulnérables et avaient besoin de son aide.
Mais j’ai toujours anticipé que Buffy aurait besoin de beaucoup de persuasion pour y arriver, et que si elle et Spike avaient concilié dans une de ces voies, ce serait à cause de quelque chose qu’il aurait fait. J’avais une idée de la façon dont ça se finirait. Il allait mourir, dans un, dernier, acte héroïque – et ensuite, seulement ensuite, au milieu de la bataille finale, elle l’aurait accepté et accepté son amour pour elle.
J’avais totalement tort.
Les saisons 6 et 7 ont toutes les deux fait face à bon nombre de critiques, mais je ne sais pas si elles peuvent être jugées indépendamment l’une de l’autre. En considérer une mais pas l’autre est sous-estimer le fait qu’elles sont un tout organique, indissolublement liées l’une à l’autre.
Bien sûr, la saison 7 n’a pas la tension sexuelle qui émergeait en saison 2, qui mijotait en saison 4, brillait à travers la saison 5 et qui a été bombardée en saison 6. C’est un élément qui manque parce que les deux ont dépensé toute cette forte tension sexuelle, pour le moment.
Mais ils sont encore dans une relation. Il est à elle. Buffy ne va pas le nier une seconde. C’est une relation qui a pris de la bouteille, fatiguée, mais c’est là et c’est réel, et elle n’en n’est pas moins une relation qui s’est pris coups et blessures. La conversation/ dispute qu’ils ont dans Sleeper (« Ca a commencé ») est si délicieuse, merveilleusement dans la lignée d’un couple ayant une discussion au sujet de leur relation, qui m’a faite bondir de ma chaise. Oui, elle veut passer à la vérité, mais il y a ce sentiment sous-jacent à travers cette scène de « Je croyais que tu me l’aurais dit ».
J’aime plus que de raison, quand les deux personnages sont inexorablement attirés l’un par l’autre, que l’alchimie qui anime une histoire est à couper au couteau, même quand tout autour d’eux est toujours debout. Mais mon autre version de l’histoire d’amour est celle-ci : quand vous êtes brisé(e), parfois, la seule chose que vous avez qui ne se décompose pas, ce sont les relations qui gardent quand même une emprise sur vous-même, alors que vous ne pouvez garder une emprise sur elles. Je n’aurais jamais pensé que ce serait ce qui arriverait pour Buffy et Spike. Mais ça l’a été, et j’en suis éternellement reconnaissante.
Buffy parle beaucoup, en saison 7, du fait que Spike a une âme. Bien sûr que ça a de l’importance pour elle. C’est tout pour elle, parce qu’elle est la seule qui ait fait perdre son âme à Angel. C’est ce qu’elle est. C’est ce qu’elle vaut. Elle a été la destruction de ce qui était bon et la fin de l’espoir, et elle peut sauver le monde un millier de fois, ce poids pèsera toujours sur elle. Jusqu’à maintenant. Parce que tout d’un coup, cela lui montre à quel point elle est utile – elle mérite/vaut une âme. Elle mérite qu’un vampire sorte de l’ombre et ait une âme pour elle, juste pour elle, et oui, c’est important pour elle. Elle est la Tueuse et elle peut faire tout et n’importe quoi, mais elle ne peut pas gagner/obtenir le retour d’une âme, une âme damnée qui était perdue à cause d’elle, et regagnée pour qu’elle la détruise à nouveau de ses mains, en l’envoyant directement en enfer. Mais cette fois, le vampire l’a récupéré de ses mains. Elle ne peut pas obtenir le retour de cette âme, mais lui, le peut. Et ce que Buffy commence seulement à comprendre, c’est que ce qu’il peut faire pour elle est plus qu’elle ne peut faire pour elle-même, que ce cadeau d’une âme fait parti de ce qu’il est, de ce qu’elle est, et de ce qu’ils sont.
Je pense que ce que j’aime le plus au sujet de la saison 7, c’est que Buffy et Spike deviennent plus forts et plus dépendants.
Dans un monde qui aime nous dire que nous pouvons tous être forts et indépendants, il y a quelque chose d’extraordinaire à ça.
Maintenant, qu’allons-nous faire ?Quand vous vous donnez une place, une maison, une histoire, que vous vous donnez tout ça, tout ce tralala. Toutes les relations que vous aviez, tout ce que vous saviez sur vous-mêmes, est redéfini. Parce que, ne soyons pas romantiques à ce sujet – les relations sont définies par les circonstances. Vous êtes définis par ces circonstances.
Le Spike de Sunnydale appartient au monde de Buffy. Appartient à Buffy parce que ce sont les circonstances qui l’ont voulu.
Le monde de Buffy n’existe plus. Et ces relations vont devoir être reconstruites de zéro. L’histoire qu’elle partage avec des gens, les liens qu’ils partagent – il y a là la motivation pour développer une relation. Ce n’est pas la relation elle-même.
Les relations qui existent, qui continuent d’exister indépendamment de toute interactions, qui attendent d’être ressorties la prochaine fois que vous vous retrouvez avec l’autre – ces relations ? Elles n’existent que dans nos têtes. Et nous n’avons pas besoin de partager nos têtes pour ça, c’est en quelque sorte un jeu de devinettes. Si je peux construire une relation dans ma tête qui s’adapte/correspond à la relation dans ta tête, alors nous avons une relation.
Et c’est ce qui arrive – quelles sont les règles ? Qu’avez-vous besoin de gagner au jeu de devinettes ?
Parce que c’est le point sur lequel on diverge dans le monde des ships. Il y a les "âmes sœurs", que vous devinez dans la seconde, juste ‘parce que’. "Les amis", que vous repérez parce qu’ils se soucient de vous, parce qu’ils regardent, parce qu’ils apprennent. Le, hum… personnage de Riley… parce qu’il va dans le même sens que vous – il le doit, parce que vous vivez la même vie, pas ensemble, mais en parallèle.
Il y a une autre règle dans le jeu de devinettes, et c’est peut-être la plus simple de toutes. C’est la règle qui dit que vous devinez/saisissez bien, parce que la personne que vous essayez de deviner/saisir vous laisse la deviner/l’estimer à sa juste valeur.
Buffy et Spike sont un petit peu de tout – ils devinent/saisissent/voient l’autre, et ils comprennent la nature de leur relation, parce qu’ils ont eu beaucoup de pratique. L’histoire qu’ils partagent, tout ce qui est profondément enterré dans le sol, quelque part en Californie, compte. Mais je suspecte quelque chose d’encore plus fort que cela, ces deux là saisissent/devinent/voient l’autre, tout simplement parce qu’ils ont laissé l’autre le faire. Spike saisit bien Buffy, suffisamment pour qu’il ait toujours raison – et aussi longtemps qu’elle croira en lui, il la laissera le voir tel qu’il est parce qu’il veut être ce en quoi elle croit.
Donc, quand ces deux là accourront l’un vers l’autre – et ils le feront, un jour, plus tard – ils reprendront le jeu là où il s’est arrêté. Et ils se saisiront bien, pour la même raison pour laquelle ils l’ont toujours fait – parce qu’ils le veulent.
Mais voilà le truc – vous ne pouvez pas construire une relation sur la volonté.
La volonté n’est pas un mauvais début, cela dit. Mais il y a toutes sortes de choses qui doivent être mises en place pour que ça marche, des situations dans lesquelles ils doivent tous les deux apprendre à vivre.
Les choix de Buffy sont infinis – mais je suppose que celui qui s’impose est celui-ci – elle peut choisir un avenir qui est tout nouveau, un avenir qui va peut-être inclure une autre personne, ou bien personne d’autre. Ou elle peut choisir Angel, ou elle peut choisir Spike. (Ou, bien sûr, les milliers d’autres personnes qu’elle a rencontré auparavant… vraiment, je ne vais pas les actualiser, mon pauvre LJ va craquer si je pousse plus loin… et je ne sais pas si quiconque me lit encore à ce stade !).
Ma philosophie a toujours été désespérément simple. J’adore Buffy. Je veux que Buffy soit heureuse. Je pense que Buffy serait heureuse avec Spike, si elle se laissait faire. Et je pense que l’une des raisons à ça est qu’elle ne ressent pas la nécessité de rendre Spike heureux. « Le traiter comme un homme » n’a jamais tendu à le rendre heureux, mais la reconnaissance, oui. Reconnaître qu’il a fait une différence pour elle, et que dans son histoire/sur son chemin, il a importé, a fait une différence pour lui.
Angel a besoin d’être un héros. Je ne peux jamais voir leur relation fonctionner, quand je mets Buffy et Angel ensemble. Va-t-elle se contenter de jouer le rôle du Riley à sa Buffy ? J’en ai déjà parlé auparavant, mais je pense que là où Angel se bat pour le plus grand bien du monde, Spike se contente d’être *son* héros.
Je pense honnêtement que si Angel ou Spike obtiennent le Shanshu et se retrouvent avec Buffy, ce sera la chose la plus anti-Joss qui ne sera jamais arrivée dans BTVS et ATS confondues. C’est ce que je pense.
Mais pour en revenir à Buffy et Spike. Je l’ai déjà dit quelque part, mais il est utile de le rappeler, je pense. Peut-être que Spike n’a pas été le grand amour de Buffy. Mais il a réussi à lui donner l’amour de sa vie. Parce qu’après tout, aimer n’est pas quelque chose que nous sommes, c’est quelque chose que nous faisons. Et si c’est quelque chose que nous continuons à faire, même quand il n’y a plus rien à gagner, alors c’est ce qui fait de nous ce que nous sommes, et en ça, nous gagnons tout.
Et – oh bon sang, je suis arrivée jusqu’ici sans citer Winnie L’Ourson – partout où ils iront, et peut importe ce qui leur arrivera au cours de leur route, cette porte de secours sera *toujours* là. Et je pense qu’ils sauront toujours comment la trouver.
FIN DE LA TRADUCTIONC'est un texte que je trouve bien développé et infiniment intéressant sous certains aspects auxquels je n'avais jamais pensé, comme la position de Buffy vis-à-vis de l'âme, et le parallèle qu'elle a pu effectuer entre Spike et Angel. Comme quoi avec Angel, elle avait représenté la destruction d'une bonne chose, de son âme, et Spike avait au contraire été la représentation du bien, ça symbolisait qu'elle valait une âme, valait quelque chose de bon, et là, elle n'a pas plus cette image là de destructrice. C'est un parallèle bien trouvé et vraiment très pertinent.